15 Janvier 2015
Suite à quelques échanges FB à propos du budget alimentaire, j’ai eu envie cette semaine de reprendre un peu plus sérieusement, pour une fois, l’article hebdo de cette catégorie.
Alors j'annonce : cette semaine nous mangerons pour 1€ par jour et par personne, et nous mangerons bien.
Si vous n'avez pas tout suivi depuis le début, je vous renvoie à 3 articles qui partagent la base de ma méthode personnelle pour maitriser le budget alimentaire, réputé être l’un des plus durs à gérer pour une famille :
- la méthode en elle même
- le décryptage des promotions
- l'adaptation des menus quand les fins de mois sont difficiles
Afin d'illustrer tout ça, je vous propose cette semaine un exemple concret.
1) Fixer le budget
Mon budget maximum par semaine est de 50 €. Je l’ai déterminé à la base en fonction des contraintes financières de notre foyer, mais suite à ces contraintes nous avons changé de regard sur notre consommation et maintenant je vous assure que quand j’atteins les 50€, ce sont des courses de folie. Vivre mieux mais avec moins est un apprentissage, mais personnellement je trouve cette simplicité si facile à vivre que je ne reviendrai pas en arrière.
2) Composer les menus
Une fois le budget défini, l’étape des menus.
Je les construis en fonction de ce qu’on fait en particulier le WE mais également en fonction des contraintes de la semaine. Par exemple le mardi je finis tard et Mr va à l’Aikibudo, donc il ne faut aucune préparation spécifique, tout doit être fait la veille. Si nous ne sommes pas là du WE ou très peu, je vais privilégier des menus super simples pour ne pas passer mon temps en cuisine la semaine. Si j’ai du temps le WE, je vais choisir des plats où je peux avancer un max dans les préparations le dimanche, et avoir juste à assembler et à cuire le repas le jour dit.
L’avantage quand on fait des menus et qu’on s’y tient, c’est qu’on est plus jamais à court d’idées. Cela vous semble contradictoire? Pourtant, dans notre famille, on est comme tout le monde : des envies, on en a. Simplement on les note alors sur un post-it et on est plus jamais en rade d’idées pour la semaine suivante.
- vendredi soir : out for dinner ! On ramène le dessert et ça sera un brownie au chocolat.
- samedi midi : out for lunch !
- samedi soir : si on est à la maison, ça sera probablement tout simplement des pâtes sauce tomate.
- dimanche midi : soupe crue. Voilà l’un des immenses avantages d’avoir un robot puissant ! En effet, on parle tout le temps de manger 5 fruits et légumes par jour. Oui, mais ! Pour bénéficier des vitamines intéressantes dans les fruits et légumes, encore faut-il :
- les manger au plus tôt après leur récolte : fruits et légumes sont une alimentation dite vivante, mais les vitamines qu’ils contiennent s’enfuient à mesure que le temps passe. D’où l’intérêt de manger local et le problème de manger pincipalement des fruits et légumes qui ont voyagé et/ou transité par Rungis et autres.
- les manger le plus proche possible de leur état cru : en effet ces vitamines sont pour la plupart détruites non seulement par les modes de cuisson mais surtout, par la cuisson elle-même.
Une solution très sympa pour bénéficier un max des vitamines, c’est donc les soupes crues. Je vous vois écarquiller les yeux, nous sommes en plein hiver et elle vient nous causer gaspatcho ??? Non ! Cru ne veut pas dire froid…
Le principe de la soupe crue, c’est de mixer les légumes crus, avec un bouillon chaud mais pas bouillant. Rajouter selon les gouts de la crème, des épices, des condiments, servir immédiatement.
Pour ce 2e essai, je tente carotte/gingembre/épinards/purée d’amande avec une gousse d’ail. Servie avec croutons (huile d’olive, sel, thym et ail en poudre, à mariner puis au four quelques minutes) et pâtes lettres pour appâter les enfants.
- dimanche soir: hamburger. Alors vu qu’en ce moment je suis très prise par la préparation de mon mariage, je vais sauter mon tour et acheter les pains à hamburger. Dedans, il y aura des galettes de céréale au poireau, une sauce fromagère à base de lupins (lupins, crème, sel, ail en poudre, fécule, sur le feu jusqu’à ce que ça arrive à une consistance bien crémeuse), oignons et champignons grillés et légèrement déglassés à la sauce soja pour un côté fumé/salé rappelant le bacon, et de la salade.
Le tout accompagné de frites au four, avec de la mayo végétalienne à base d’okara.
- lundi soir et mardi soir : lasagnes de légumes d'hiver. Champignons, carottes, poireaux, navets, du thym, de l’ail, une bonne cheesy bechamel végétakienne, et go. Pour moi les lasagnes c’est toujours au dernier moment car je déteste quand les feuilles de lasagnes sont trop cuites, mais chacun ses goûts !
- Mercredi et jeudi soir : tofu bourguignon et gratin dauphinois. Samedi dernier on a été chez des amis végétariens, et au menu, il y avait du ragoût de tofu. On s’est alors fait la réflexion qu’on avait vraiment délaissé ce genre de plat ! Du coup j’en glisse un dans mon menu de la semaine. Un bourguignon (à ma façon), avec une sauce à base de vin rouge épaissie au roux, carottes, oignons et pruneaux.
Et pour l’accompagner, un gratin dauphinois à ma façon également (moitié lait végétal, moitié crème type soja gratin, de la muscade, de l’ail, de la levure maltée et un peu de miso pour un gôut fromager, de l’huile de coco pour gratiner). Miam, j’ai hâte !
midi : buns de carotte ou sandwiches, lentilles, riz et betterave/salade
matin : pain maison, beurre végétalien maison, confiture, smoothies, madeleines
desserts : flambys végé, tarte aux pommes
3) Rédiger la liste de courses
Voilà voilà. Maintenant que j’ai fait mon menu, passons à l’étape de la liste de course. Le point important, c’est de ne mettre uniquement ce dont on a réellement besoin pour la semaine. Pas d’achat ne correspondant à aucun besoin.
Personnellement, j’utilise deux listes.
- Une sur laquelle je note un produit ou un aliment quand il se termine. Je finis la bouteille d'huile, l'avant dernier rouleau de PQ ou encore le bicarbonate, c'est ici que je le note, immédiatement sinon j'oublie.
- Et la liste de courses proprement dite. Quand je fais la liste de courses, je regarde ma première liste pour savoir ce qui est vraiment nécessaire pour la semaine. Par exemple, sur la première liste il y a du paprika depuis des semaines. Mais comme aucun besoin, il reste dans son statut de « manquant », je ne l'achète pas. En revanche grâce à ce système je n’oublierai pas de l’acheter si le besoin s’en fait sentir. A l'inverse, cette semaine la moutarde est passée de la liste "manquant" à la liste de course car j’en ai besoin pour la mayo végétalienne.
Pourquoi ne pas acheter de suite, me direz-vous? Puisque de toute façon cela sera mangé...
Eh bien, pour plusieurs raisons.
La première, c'est que depuis que je fais ça, je n'ai plus aucun article en double, triple, ou plus dans mes placards. Vous savez, quand on ne sait plus trop si on en a encore ou non et combien, et qu'on rachète dans le doute? Ce comportement global n'est pas du tout générateur d'économie car il amène à sur-stocker et à acheter continuellement des objets que l'on a déjà. C'est un sycle de dépenses et non d'économies.
La seconde, c'est que c’est une façon de faire qui correspond bien à notre état d’esprit de simplicité volontaire. Il est inutile de s’encombrer l’esprit et la maison avec des choses dont on a pas besoin. Ce qui est important, c’est d’avoir la bonne info au bon endroit : ici, une liste avec les produits manquants pour les acheter au bon moment. L’objectif est vraiment de prendre de la distance par rapport à la notion de besoin. On a besoin d’un produit parce qu’il est nécessaire à notre vie, pas parce qu’il est manquant. Or la société, en nous poussant à réfléchir et à agir à toute vitesse sans réfléchir à nos actes, nous baigne dans le leurre que le manque implique forcément un besoin. C’est faux. Ma famille est la preuve que c’est faux. Oui mais et si… et si machin vient à l’improviste, et si j’ai envie d’un plat qui contient du paprika ? Bin… le plat on le note pour la semaine suivante. Ou bien… on fait sans paprika, avec un autre épice, ou même tout simplement sans.
Depuis un an que nous nous sommes engagés sur cette voie, jamais il ne nous est arrivé de manquer de quelque chose au point de courir au supermarchés pour la recette du soir. Je ne dis pas que cela ne nous est pas arrivés de retourner au supermarché : mais c’était parce que nous avons cédé à une envie, et qu’on a eu envie, de manière lucide, de déroger à notre règle, puisqu’aucune règle n’est immuable et que nul n’est parfait ou exemplaire. Mais nous savions que ce n’était pas un besoin. Du coup ce fonctionnement est devenu une exception, notre quotidien s’en trouve considérablement simplifié et le budget course, significativement réduit.
La liste de courses correspondant à mes besoins pour la semaine, donc :
1 salade
2 betteraves
1 avocat
Champignons : 500g
10 carottes
1 poireau
coriandre fraiche
pommes de terre
gingembre frais
une poignée d’épinards
bananes
vin
chocolat
moutarde à l’ancienne
levure fraiche
farine
madeleines
pain hamburger
chocolat en poudre
dissolvant à ongles
PQ
2 bouteilles d’eau gazeuse à la demande de l’homme
Bicarbonate
C'est alors que c'est le moment de vous rappeler du juste prix (si vous n'êtes pas trop jeune, hum), car il s'agit maintenant de chiffrer votre liste.
J’estime ma liste à une petite trentaine d'euros, 25 si on enlève les 3 articles non alimentaires.
L'estimation de la liste est cruciale. Ici, je rentre dans mon budget hebdo. Je n'ai aucun mérite, je fais ça depuis un an, mon cerveau choisit les plats de manière inconsciente en fonction du coût des articles et de ce que j'ai déjà dans les placards. Mais vous qui n'avez pas l'habitude, tout comme moi au début, il y a des chances pour que vous dépassiez et c'est là que cette méthode est efficace : quand on dépasse, on retourne à la case menus. Et on les remanie jusqu'à ce que ça rentre. On regarde dans les placards ce que l'on peut manger au lieu d'acheter, on enlève un menu couteux pour le replacer la semaine suivante et le remplacer par un menu simple et peu cher (type pâtes sauce tomate, haricots verts/omelettes pour les non végétaliens, etc).
4) Les courses proprements dites, quelques conseils
- Le jour des courses, je m’en tiens strictement à ma liste et tant pis si j’ai oublié quelque chose (ça n’arrive plus, d’ailleurs, c’est l’avantage d’avoir besoin de moins de choses !).
- Par ailleurs, j’organise toujours ma liste de course en fonction du plan du magasin où je vais. Je vais ainsi directement dans les bons rayons, pas de passage devant les TG ou en allée centrale. Je ne suis plus du tout sensible maintenant aux promotions et aux tentations, mais cette façon de faire m’a été très utile pendant la période de sevrage. Mes courses sont beaucoup plus rapides ainsi. Pas d’oubli d’un article à l’autre bout du magasin, pas de temps perdu, pas de passager clandestin dans le caddie.
Je vous encourage à éviter ou à bien réfléchir avant tout achat promotionnel, surtout si ça vous tombe sous le nez dans le magasin (les supermarchés ont tout intérêt à ce que vous achetiez impulsivement comme je l’explique dans mon article sur les promos).
- Enfin, interdisez vous de revenir au supermarché avant une semaine. Il vous manque quelque chose? Improvisez, remplacez, testez : d'expérience je vous le dis, aucun ingrédient n'est irremplaçable et internet est votre meilleur ami.
Voilà donc un exemple concret de notre fonctionnement. J’ai compté 42 repas et 24 petits dèj, soit 38 centimes par personne et par repas cette semaine. Autre façon de compter : 1,05 € par personne et par JOUR. Avec repas équilibrés qui ne font pas pitié, des légumes à tous les repas, des fruits chaque jour (au petit déjeuner principalement chez nous).
NB : Pour ceux et celles qui se demanderaient où sont les sources de calcium dans les menus de notre semaine : dans les légumes verts feuillus : épinard, poireau ; les céréales (avoine des galettes pour les hamburger par ex), dans les oléagineux que je mets un peu partout (dans les pâtes à tarte pour remplacer le beurre, le matin sur les tartines, dans les sauces pour les épaissir, dans le lait d’amandes), dans les légumineuses (lentilles, pois chiches, soja, tofu, lupins), dans les fruits secs (les dattes par ex, que je mets dans le smoothie du matin, ou les pruneaux dans le ragout). Et la liste n’est pas exhaustive : l’eau du robinet en est une source importante (eeeeh oui, le calcaire…).
Je sais bien que je ne m’adresse pas qu’à un public végéta*ien. Ce n’est d’ailleurs pas mon but ! Alors c’est vrai que le fait de n’acheter aucun produit animal allège vraiment la note. Au vu de mon menu, j’aurais sans doute rajouté à ma liste un paquet de gruyère, un camembert, de la viande à bourguignon. Libre à chacun de déterminer la quantité de produits animaux à manger sur la semaine, même si je suis convaincue qu’une consommation raisonnée de viande est bénéfique à tout point de vue, santé et financier. C’est d’ailleurs la raison première qui m’avait amenée à réduire notre consommation de viande il y a un an et demi : nous n’avions plus les moyens de manger autant de viande.
Mais je pense que pour une famille non végéta*ienne, entre 40 et 50 € pour une semaine comme celle-là (pour 4 toujours, bien sûr), c’est largement jouable, en prenant des produits animaux mais en restant raisonnable sur leur quantité. Ce qui donne du 1.60 € maxi par jour et par personne, cela reste une performance tout à fait honorable, vous ne trouvez pas ?
Voilà voilà pour notre semaine. Après avoir lu cet exemple concret, cela vous semble-t-il toujours autant infaisable ?
Vous avez envie de participer à un super chouette projet citoyen?
Je vous invite à regarder par ici....