26 Novembre 2016
Si vous me suivez sur le groupe facebook que j'ai créé avec Madame Salade, vous avez dû remarquer que le samedi, le workshop quotidien porte sur la bienveillance dans les réseaux sociaux. Si vous ne faites pas partie du groupe, restez quand même ! Tout ce qui suit pourrait vous intéresser aussi.
Je l’ai dit plus d'une fois, je ne suis pas bienveillante, de base, en soi. Pas du tout ! A la base pour moi comme pour plein de monde, la bienveillance, c’est un effet de mode, c’est chiant, c’est pas spontané, libertédexpressionblabla, dictaturepouet.
Mais dans les faits, c’est important. Et particulièrement sur les réseaux sociaux.
Quand la liberté de s'exprimer devient la liberté d'humilier et de blesser
Facebook (pour ne citer que ce réseau social, je ne parlerai même pas de Twitter qui est gerbant d’impunité) est le lieu où, chacun à l’abri derrière son écran, anonyme ou presque, fleurissent toutes sortes d’incivilités, de jugements, d’ironie, d’insultes même parfois, voire même de propos racistes, sexistes etc etc.
Facebook est complètement envahi par tout ça, les réseaux sociaux étant conçus pour laisser libre cours à la « liberté d’expression » dans tout ce qu’elle a de plus irrespectueux.
Personnellement, ça m'insupporte.
Sans doute parce que c'est comme ça, je suis empathique, à tel point que des fois, c'est vraiment un boulet que je traine. Alors bien sûr, l'empathie, le fait de se mettre à la place de l'autre sans vraiment le vouloir, c’est tout un système de projections personnelles, j’en suis consciente, et donc, je peux me planter sur le ressenti de la personne. Évidemment ! Et en même temps, je suis de plus en plus attentive et sensible aux combats de chacun même si tous ne sont pas les miens (contre le sexisme, le genrisme, le validisme (oui oui c’est un mot qui existe !) etc etc) et donc, mon champ d’empathie augmente avec tout ça. C’est pourquoi les réseaux sociaux et leur parole blessante décomplexée généralisée me dérangent profondément. Je ne comprends pas. Je suis tellement perplexe !
Ne pas mettre l’autre dans une position que l’on aimerait ou ne saurait pas tenir, ce n’est pas, normalement, quelque chose que l’on sait tous faire à l’âge adulte ?
Ne fais pas à l’autre ce que tu n’aimerais pas que l’on te fasse, ça ne fait pas partie de toute éducation, quelle qu’elle soit ? Oui, je suis convaincue que dans la vraie vie, la majeure partie des gens qui commettent toutes ces incivilités sont bien élevés, simplement, ils font le choix de court-circuiter ça pour utiliser leur anonymat et la dématérialisation de leur interlocuteur comme prétexte à un grand défouloir.
Tout cela, au nom de la liberté d’expression.
Je rappellerais quand même que le combat pour la liberté d'expression est un combat essentiel qui se joue, dans des pays où on est emprisonné, torturé ou tué pour des idées contraires à la pensée étatique. Je ne pense pas une seule seconde que les gens qui se battent et meurent pour cette liberté se battent et meurent pour :
Est-ce que tout cela est sollicité par la personne qui poste sur les réseaux sociaux ? bien sûr que non.
Est-ce que tout cela plairait comme retour ? non, à personne, et surtout pas à ceux qui se le permettent.
Mais… « quand on poste, il faut s’attendre et assumer tous les retours ». Ha oui ? Vraiment ? Y compris les retours déplacés, violents, ironiques, moqueurs ? N’y a-t-il pas d’autres mots dans la langue française que des mots qui blessent, pour exprimer un désaccord ou une incompréhension ?
Exercice pratique
Dans un prochain article, je vous proposerai de réfléchir à la question suivante : "où s'arrête notre liberté et particulièrement notre liberté d'expression ?"
Mais auparavant, je vous propose de réfléchir à une situation pratique illustrant ce que nous disons souvent, avec mes copines de la team admin : "on peut tout dire, mais pas n'importe comment".
Au hasard.... la question du PQ !
C'est une question qui revient périodiquement sur le groupe, dans les thématiques zéro déchet : "comment faites-vous pour le PQ"?
Alors bien sûr, diverses solutions sont proposées, la douchette, les lingettes, s'en passer partiellement, s'en passer totalement... là n'est pas la question du jour.
La question du jour est la suivante : imaginez que vous soyez dans cette position où vous ne vous êtes jamais posé la question, et se passer de PQ vous parait vraiment, vraiment quelque chose de farfelu, de hippie, de crado, de radin, d'extrême. Vous êtes devant votre ordi en train d'écarquiller les yeux d'incompréhension, et de ressentir un vague dégoût.
Il n'y a aucun jugement dans mes propos : moi même comme tous, j'ai mes propres limites et il m'est arrivé (et m'arrive toujours) de ressentir ça. Le but, ce n'est pas de nier ce ressenti et de se prétendre champion de la bienveillance alors qu'on ne l'est pas, c'est d'accueillir ce ressenti et de le formuler d'une manière cool.
L'exercice pratique, c'est :
- dans un premier temps, écrivez pour vous (pour vous, car je ne tiens pas à ce que d'autres se sentent blessés !) votre pensée brute.
- dans un second temps, proposez plusieurs reformulations possibles, afin vous puissiez assouvir votre besoin légitime d'exprimer votre décalage et votre incompréhension, mais en veillant à le formuler de manière à ce que les personnes en face ne se sentent ni jugées, ni blessées, ni humiliées.
Bref, je vous propose d'apprendre à rester libre d'exprimer votre ressenti ou votre avis, tout en préservant la liberté de l'autre de ne pas se sentir jugée, humiliée ou blessée.
à vos stylos, vous avez 2 heures ! (je plaisaaaaaaante! )
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