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Chroniques enfantines pour parents vegan : les animaux "mignons"... et les autres

Voici ce que m'a dit mon fils de 5 ans il y a quelques jours :

"- j'aime pas quand on tue les animaux !...J'aime pas quand on tue les lapins !
- bin chéri, c'est la même chose pour tous les animaux !
- les lapins c'est trop mignon !
- bin c'est pareil pour une vache !
- c'est pas mignon une vache !
- peut être... mais c'est pas pour ça qu'on a plus le droit de la tuer ! Si ? "

Chroniques enfantines pour parents vegan : les animaux "mignons"... et les autres

Il y a des fois comme ça, où je peste contre la société dans laquelle nous vivons, et surtout contre ce qu'elle véhicule, consciemment ou inconsciemment. Tuer un animal mignon, ça non ! Tuer un animal moche, peu importe.

... non mais TUER, quoi !

On incrimine facilement les dessins animés pour la question de la banalisation de la mort.... Et pourtant. Il me semble que le plus gros facteur, c'est l'apprentissage que l'on fait dès bébé aux jeunes humains, apprentissage qui leur enseigne que certaines espèces vivantes, sensibles, sont néanmoins tuées par millions pour que l'on puisse avoir une diversité dans nos assiettes, ainsi que la possibilité moderne et riche de gâcher à foison. Que c'est normal. Que les animaux sont faits pour ça. On leur apprend ainsi que tuer est normal dans certaines circonstances. Circonstances qu'il n'appartient qu'à l'humain, en son caractère d'espèce dominante, plus intelligente, douée de la faculté de concept et d'abstraction, de décider. Que tout cela, sa supériorité conceptuelle, confère à l'humain des droits sur les espèces inférieures.

... Eh oui... ou comment nous nous tirons une balle dans le pied en enseignant comme principe fondamental de nos sociétés humaines, le schéma d'une inégalité structurelle profonde. Être supérieur = doit sur un être inférieur...Être vivant, être sensible...être humain femelle, être humain enfant, être humain handicapé, être humain noir....


Ces vies animales (des espèces considérées comme de "seconde zone", j'entends) n'ont pas d'importance pour nous, humains.... mais cet animal, a-t-il envie de vivre ou de mourir? Il n'a sans doute pas "envie" stricto sensu, mais laissez moi poser la question différemment : où son instinct le porte-t-il, vers la survie, ou vers la mort ? Vers la vie, incontestablement. Cet animal, n'est pas capable de se projeter dans le temps, il ne sait pas qu'il perd de belles années, il ne se rappelle pas de son passé. Mais il cherche à vivre, et a peur de mourir lorsqu'il sent la mort arriver. Oui un animal peut avoir peur. Nombreux le constatent avec leurs propres animaux domestiques, chiens en particulier (coucou les joies du 14 juillets où comment contenir son animal terrifié!). Pourquoi le nier concernant les animaux non domestiques? Bien sûr que c'est de l'anthropomorphisme que de prêter aux animaux la conscience de leur propre finitude, et donc, le concept de la mort. Néanmoins, tout animal sent le danger et tente de s'y soustraire. Ca, c'est la nature.

Dans la nature, l'animal a la possibilité de fuir, de se cacher, ou de se défendre face aux prédateurs, prédateurs qui ne tuent que pour leur besoins.
Dans nos sociétés modernes, nous élevons des animaux par millions, et nous les tuons, tous, sans leur laisser la possibilité naturelle de s'en sortir par un quelconque moyen. Ils ne sont même pas nés que leur mort est déjà programmée. Une mort programmée... ce n'est plus la nature.       
Nous avons perdu tout sens de ce que signifie donner la mort, nous tuons sans commune mesure avec la stricte nécessité de survie, sur des critères complètement anti-naturels : parce que si on se base sur l'argument de la nature et de survie, alors on devrait manger sans distinction tous les animaux comestibles, chien, vache, chat ou cochon d'inde. Mais non. Notre société fait des distinctions arbitraires, sur des critères arbitraires

  • Les animaux "pas mignons" peuvent être mangés sans soucis.
  • Les animaux "mignons et domestiques", on a pas le droit d'y toucher, les cultures qui n'ont pas les mêmes critères et donc, les mangent, sont considérées facilement comme cruelles et barbares.
  • Les animaux "mignons mais trop trop bons" tels que les lapins, les chevaux ou les agneaux, là c'est un peu différent : on les mange mais avec un certain malaise, en particulier par rapport aux enfants, et souvent on ne leur dit la vérité qu'assez tard à ce sujet. Cela donne la fameuse réplique : "tu reprendras du poulet chéri?" (alors que c'est du lapin).


Cela vous fait sourire? La distinction vous parait un peu simplette? C'est poutant ce que nos enfants entendent, comprennent et apprennent, et c'est ça qui leur sert de base pour le développement ultérieurs de leurs raisonnements.

Chroniques enfantines pour parents vegan : les animaux "mignons"... et les autres


Bien sûr, je ne vais pas faire un cours de philo engagée aux forts accents anti-spécistes à mes enfants de 3 et 5 ans. Mais nous, adultes, avons besoin de grandes démonstrations logiques pour remettre en cause le spécisme uniquement parce que ce-dit spécisme a été tellement profondément ancré en nous que c'est LE schéma de pensée qui nous semble naturel et logique. Nos enfants, eux, ne sont pas (encore) formatés, ainsi de petits dialogues simples peuvent aider à contourner ce shéma culturel pourtant omniprésent.

Cest pourquoi j'accueille les réflexions de mes enfants, telles qu'elles arrivent, pour ce qu'elles sont, et je leur dis simplement que tuer n'est jamais anodin, même s'il s'agit d'un animal...

...et même si c'est un animal qui n'est pas mignon.

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M
C'est quand même chouette de pouvoir discuter de ça avec ses enfants. Sur le même sujet je me bat avec mon fils de 2 ans pour ne pas qu'il écrase les fourmis qui sont sur son chemin...
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L
on a un livre là dessus, "ohé petite fourmi" je crois qu'il s'appelle... un livre qui invite l'enfant à avoir de l'empathie pour les animaux.
A
J'aimerais tellement que mes enfants me posent ce genre de questions... Je pourrais ainsi leur répondre et les faire réfléchir... Malheureusement je crois qu'ils sont déjà bien formatés, même s'ils se rendent compte que leur maman ne mange presque plus de viande... Ils sont dans leur phase "la seule option alimentaire envisageable c'est steak haché (ou jambon) et patate" et c'est dur de leur faire apprécier autre chose... Les veggie burger ne sont pas appréciés c'est rageant ! ;)<br /> En tout cas, encore merci à toi pour ces articles très instructifs ! Et franchement tu m'épates avec toutes tes recettes ! :) (et j'ai très envie de faire du houmous ET d'utiliser le jus des pois chiche ! ^^ )
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L
Bonjour aurelie!<br /> Je pense qu'ils posent des questions parce que c'est un fonctionnement familial : quoi qu'il arrive il n'y aura pas de produits animaux à la maison donc ils ne peuvent pas ignorer les choses. Même s'ils mangent comme ils veulent dehors leur quotidien (nous) est vgl. Ça aide je pense.....<br /> <br /> Merci pour les recettes!!!