Aujourd'hui, c'était l'anniversaire de ma maman.
Et j'avais envie de faire une tarte au chocolat.
Alors ce matin, on est en vacances, la maison est en bordel, et me voilà en train de me mettre à ma tarte au chocolat après le petit déjeuner.
J'avais aussi envie de beurre de cacahuète, et j'ai fait d'une pierre deux coups : j'ai utilisé une partie du beurre de cacahuète pour remplacer le beurre dans ma pâte à tarte. (Et comme rien ne se perd, j'ai rincé le robot avec 750 ml d'eau, une cuiller à café de sucre et une pincée de sel, ce qui m'a donné un lait délicieux pour demain matin !)
Arrivée au moment de réaliser ma pâte à tarte, crotte de zut ! Les trois saladiers sont au lave vaisselle, et flemme de l'interrompre pour en laver un à la main ! C'est alors que mon mari m'a fait remarquer avec justesse que faire une pâte à tarte dans un saladier, c'est une habitude culturelle : ça marche aussi bien dans une casserole ou une cocotte.
OK, va pour la casserole.
Je mélange 90g de purée de cacahuètes torréfiées, 30g d'huile d'olive, une pincée de sel, 50g de sucre et 240g de farine T80 jusqu'à en arriver à un genre de semoule. Et au moment de rajouter l'eau... mon regard est tombé sur la casserole de thé de ce matin, il en restait.... Why not? J'ai donc remplacé l'eau... par le reste du thé noir aux coquelicots.
Voici la pâte une fois formée !
Ensuite, il faut enfourner la pâte étalée dans un plat à tarte à 180° pendant 20 minutes. Je n'ai pas de poids pour faire cuire la pâte à sec, du coup, pour ne pas que cela cloque ou gonfle, j'ai piqué le fonds de tarte avec une fourchette, et ma foi, ça a très bien fonctionné (ce qui n'est pas le cas à tous les coups, surtout quand j'oublie de piquer. Je pense également que l'épaisseur de la pâte n'est pas étrangère au problème).
Pour la garniture, une tarte au chocolat en soi, c'est vraiment pas compliqué : basiquement, c'est du chocolat fondu, et de la crème (végétale pour nous). Là, j'avais dans mon frigo un reste de crème de caramel que j'avais fait en début de semaine, qui a donc fait office de crème, et j'ai rajouté 2 petites CS d'huile de coco (ce qui est facultatif, mais le gras, c'est la vie). Pas besoin de surcuisson, on met juste le mélange sur le fond de tarte cuit, et on laisse refroidir, et c'est tout !
La tarte au chocolat, c'est vraiment un dessert qui se prête vraiment à la simplification de la cuisine. On peut vraiment la faire avec ce qu'on a dans nos placards ! Et je me doute bien que vous n'avez pas forcément de cahuètes, ou de beurre de cahuète : le but n'est pas de faire comme moi exactement, mais de découvrir qu'on a toujours ou presque de quoi faire.... une fois, j'avais même fait une pâte à tarte avec.... un reste de houmous, si si !
J'en profite pour revenir sur quelque chose qui me tient vraiment à coeur. J'ai lu récemment un article qui m'a donné énormément à réfléchir. L'auteure trouvait (c'est du moins ce que j'ai ressenti à la lecture de son article) que le message qu'en tant que blogueuse, j'essaye de faire passer (et je ne suis pas la seule, bien sûr), à savoir, que se nourrir mieux est possible, que consommer de manière éthique n'est pas réservé à une catégorie socio-professionnelle élevée, que simplifier son existence est envisageable même dans notre société qui nous astreint à un quotidien de folie, bref, elle trouvait que le message et surtout, la manière de le diffuser était discriminante pour plein de gens. La manière de présenter les choses comme simples et faciles alors que non, le virage n'est pas aisé à prendre pour de nombreuses personnes, la manière d'encourager principalement le changement à l'échelle individuelle au risque de faire porter le poids de la culpabilité sur l'individu et non sur le système sociétal et industriel, la manière de mettre en valeur surtout le positif, au risque de se poser en figure de wonderwoman super culpabilisante pour tous ceux et celles qui n'y arrivent pas, ou pas encore, ou ne s'en sentent pas capables, ou ne peuvent pas, pour qui ce n'est pas le moment, etc etc.
Bien sûr, quand on est convaincu du bien-fondé de ce que l'on fait, et qu'on pense le faire de manière sincère, il est difficile de s'entendre dire que l'on reste, malgré tous les efforts que l'on fait au quotidien pour l'être le moins possible, discriminant.
Mais ce matin, en photographiant ma pâte à tarte, le décalage entre le bordel de la cuisine (mélange de vacances rules et de bordélique powa) et le montage des mes photos, je me suis dit qu'en fait, j'instaurais bel et bien un décalage, un flou, entre la réalité et l'image, et que donc, oui, ce flou pouvait bien laisser de la place pour ce type de ressentiment.
Et pour la peine, je vous mets la photo non recadrée : une planche posée à même le sol. Moi perchée sur la marche des toilettes. Avec en prime, mes orteils dans mes tongs pourries !
La première chose que j'aimerais préciser, c'est que lorsqu'on a un message à passer, qu'on croit très fort en quelque chose mais surtout, à la nécessité d'être contagieux, c'est vrai que c'est un parti pris de mettre en valeur le positif, ce que le changement induit de positif dans la vie, ce qui simplifie les choses après une période d'adaptation, on a envie de donner envie aux gens de se lancer dans l'aventure ! Et même si bien sûr, un blog n'est jamais le reflet d'une vie dans sa globalité, pour le lecteur (et j'ai été ce lecteur pendant des années avant de sauter moi-même le pas de l'écriture), il est souvent facile de réduire la vie de la blogueuse à ce qu'elle montre. Ce n'est pas vrai,et je crois que je n'ai jamais cherché à le faire croire. Mais pour en avoir discuté récemment avec des personnes qui me lisent, effectivement, malgré mes précautions oratoires, ils avaient cette image teintée de perfection avant de me connaitre. Bien sûr, si je cherchais à véhiculer consciemment cette image de perfection, elle serait largement usurpée ! Mais je ne peux pas non plus empêcher les gens de retirer de ce que j'écris leur propre interprétation de ma vie.
Cependant, cela m'a amenée à réfléchir sur l'image que je véhicule. Par exemple, prenons l'article d'aujourd'hui. Je vous raconte de la simplicité dans ma cuisine, de prendre ce qu'il y a dans les placards, du vite fait bien fait, et qu'est ce que je vous présente? Des photos mises en scène, travaillées, pas du tout vit fait bien fait, pas du tout cohérentes, finalement, avec la simplicité dont je vous parle. En réalité, je pense que personne n'est dupe de la question de la mise en scène : effectivement je ne vous montre pas le bordel dans ma cuisine après (et même avant) l'opération cuisine, effectivement, j'avais le temps ce matin pour prendre les photos, et le temps cet après midi pour les traiter. J'ai un espèce de toc photographique : pas de photos, pas d'article, et également, tout comme pour certaines personnes il est impossible de sortir avec des fringues froissées, bin moi, je me fiche de ça MAIS il m'est impossible de publier des photos brutes. Bien sûr, et je suis persuadée que vous en avez bien conscience, je ne cherche pas à vous faire croire qu'en vrai, une pâte à tarte est posée de manière poétique sur mon plan de travail , au milieu du thé en vrac ! Cependant, tout comme la manière de présenter les choses à l'écrit, cela véhicule un message inconscient qui peut venir renforcer l'interprétation de ma vie en mode "perfection" que certains lecteurs pourraient avoir (et que mon mari pourrait très facilement démentir !).
La seconde chose que j'aimerais préciser, c'est que j'ai bien conscience que le virage, le changement, n'est pas simple. Ma vie est plus simple maintenant, mais le processus de changement, avec toutes les remises en question que cela suppose, n'a pas été facile. Mon but est d'aider les gens qui le souhaitent (et il n'y a dans mes propos aucune critique pour ceux qui ne le souhaiteraient pas) à transitionner, plus vite que je ne l'ai fait, en leur apportant des trucs et astuces pour se simplifier la vie. Mais tous ces trucs et astuces nécessitent en amont un travail de déconstruction, des habitudes culturelles, du quotidien dans lequel la société nous enferme,et ça, je ne peux le faire à la place du lecteur.... je peux juste lui fournir des pistes de réflexion pour alimenter (ou pas, libre à chacun, j'insiste) son cheminement. C'est un travail que j'ai moi-même dû faire et qui m'a pris plusieurs années, qui m'a amenée à opérer des choix, choix de vie, choix de carrière, choix financiers : je n'ai en aucun cas la prétention de croire que parce que moi, j'ai réussi à opérer un certain nombre de changements qui maintenant me facilitent grandement l'existence, les autres devraient le faire aussi en claquant des doigts, et que s'ils ne le font pas, ou s'ils n'y arrivent pas, c'est parce qu'ils ne font pas assez d'efforts ! Je n'ai pas non plus la prétention de penser que ces choix que j'ai faits devraient s'appliquer à tous à la manière d'une photocopie : s'il est vrai que des choix peuvent être faits, à chacun de décider s'ils conviennent à leur situation familiale, professionnelle, géographique ou autre.
Je le pense sincèrement. Malgré tout, je ne peux pas écrire ce disclaimer avant chacun de mes articles.... Et alors, me voici confrontée à la dualité des personnes qui me lisent :
- d'un côté, ceux qui me suivent depuis un certain temps, qui sont aussi pour beaucoup sur le groupe d'entraide pour lequel ce blog est aussi un support, mais qui sert à trouver des solutions concrètes et surtout, adaptée à la situation de chacun (et surtout pas calquées sur mon mode de vie et de pensée). Ceux là, pour me connaitre au fil de mes articles, savent, du moins je l'espère, que mon but n'est pas d'écraser les autres de supériorité, ni d'oppresser les femmes en leur mettant une nouvelle contrainte et une nouvelle responsabilité dans l'existence (et je ne m'adresse d'ailleurs pas du tout qu'aux femmes !), mais d'aider, au vu de mon expérience, et d'éviter les écueils et les tâtonnement par lesquels moi et ma familles sommes passés, en véhiculant un message positif.
- d'un autre, ceux qui tombent sur mon blog au détour d'un partage, sur un article en particulier, sans connaitre (et comment le pourraient-ils?) la globalité de la philosophie qui soustend ce blog. Et qui peuvent, pour le coup, se sentir heurtés et culpabilisés, malgré le fait que je réfléchisse beaucoup à ma formulation, par ma manière militante de présenter les choses. Si tel était le cas, j'aimerais préciser que le but n'est bien évidemment pas de criminaliser les personnes qui s'approvisionnent chez lidl, ne mangent pas bio et achètent des produits emballés, mais de partager d'autres manières de faire. Je ne m'exclue d'ailleurs pas de la société de consommation. J'ai un pied dehors, mais bien évidemment, j'ai aussi un pied dedans. Comment pourrait-il en être autrement? Croyez vous que je ne vais plus JAMAIS en supermarché? Que je n'achète JAMAIS de produit emballé? Bref, que je n'ai aucune incohérence? J'ai par contre inversé la tendance par rapport à avant, où 1% de mes courses étaient éthiques ou bio, dorénavant, c'est le contraire. Mais comme tout le monde, je suis humaine, j'ai des accès de flemme, de surmenage, de MARRE, de fatigue, comme tout le monde, je dois conjuguer une vie de famille, un boulot, la vie extra scolaire des enfants, des projets annexes, des caprices de la vie (et des bonheurs aussi), qui font que je me laisse une marge de manoeuvre et que par conséquent, jamais de la vie je ne suis mes propres principes à 100% !
A BaS Le PeRFeCTioNNISMe !!
Faut-il être parfaitement parfaite pour avoir la légitimité pour parler de toutes ces alternatives? Faut-il systématiquement démonter cette part de rêve véhiculé par le message positif ainsi que l'environnement visuel des articles pour coller au principe de réalité?
Ce n'est pas mon avis.
Ce blog, avec le temps, est devenu l'un des support et l'une des ouvertures sur un système d'entraide collectif qui n'est certes pas parfait, mais qui fonctionne pour de nombreuses personnes, et ces personnes ne constituent nullement une armée de clônes : quand je dis que cela fonctionne, ce n'est pas parce qu'elles arrivent pif paf pouf à manger bio à 100% et faire tout maison en un mois de temps en écoutant religieusement les bons conseils, non, et d'ailleurs pour certaines, ce n'est pas vraiment leur but de départ : ce qui fonctionne, c'est que la réflexion avance, que des petits changements se mettent en place, que les questions individuelles trouvent des réponses qui permettent de contourner des obstacles paraissant de prime abord infranchissables, et que surtout, et c'est bien le principal, ces personnes ressentent un surcroit de bien-être grâce à ces petits changements.
Bon, sur ce, je me suis égarée là, mais....
J'ai dit ce que j'avais sur le coeur, et la tarte était très bonne !