Pourquoi déduire ses déchets?
Réduire ses déchets, c'est urgent, pour de vrai. Parce que c'est un moyen non négligeable de lutter contre le réchauffement climatique, et cette lutte, c'est maintenant qu'elle doit avoir lieu, même pas dans 5 ans : MAINTENANT. Si on ne s'y met pas tous, maintenant, ce sont nos enfants qui devront gérer les problèmes qu’on n’aura pas géré. On a tous des réticences à changer nos modes de vie confortables et surconsommateurs vis-à-vis de nos enfants, après tout, pour eux, on imagine que c’est du bonheur en plus, mais ces hésitations d’adultes se traduiront par une vie bien plus difficile pour eux dans l’avenir.
Alors dans l'optique de réduire ses déchets, on pense souvent de prime abord aux déchets alimentaires, mais en réalité, réduire ses déchets, c'est aussi plein d'autres choses à mettre en place. Heureusement pour les citadins réfractaires au lombricompostage et aux personnes qui n'ont pas la chance d'avoir un magasin vrac suffisamment proche de leur domicile !
Car le plastique, l'emballage, est partout, dans toutes les pièces de la maison, et dans tous les domaines de la consommation.
Alors vous allez me dire que vous ne vous sentez pas particulièrement responsable, parce que vous ne jetez jamais vos déchets dans la nature, que vous triez consciencieusement, bref, que vos déchets suivent la "bonne filière".
Mais cette filière, même si elle a le mérite d'exister, et que vous avez l'excellent réflexe de l'utiliser à bon escient, elle coûte des ressources, elle pollue, elle n'est pas infaillible, et elle vous (nous) coûte très cher.
Démonstration.
- Savez-vous qu'un individu produit en moyenne plus de 300 kilos de déchets en un an? Que chaque habitant produit en moyenne un kilo d'ordures ménagères par jour? Pas chaque famille hein, chaque habitant !
- Savez-vous que les déchets recyclables, faute de filières en France, ne sont effectivement recyclés qu'à hauteur de 30%, contre 100% en Allemagne? Et que recyclable ne veut pas dire obligatoirement recyclé en fin de vie?
- Savez-vous que les déchets de votre poubelle d'ordures ménagères ne sont pas systématiquement incinérés, trèèès loin de là, et que là encore faute de structures adaptées de nombreux centres d'enfouissement, dits d’ancienne génération, les plus nombreux sur le territoire, laissent s'échapper une quantité non négligeables d'emballages... qui finissent, au gré des vents et des intempéries, par atterrir dans les cours d'eau, les fleuves, puis la mer et l'océan....et contribuent à tuer des millions d'animaux marins, mammifères, poissons, oiseaux.
- Savez-vous également que les microbilles des exfoliants du commerce génèrent elles aussi un désastre écologique dans les océans? Elles aussi se dégradent en libérant des matières toxiques ou finissent dans les estomacs des animaux marins qui, incapables de les évacuer, finissent par mourir de leur accumulation.
Malheureusement, ce n'est pas parce que l'on ne jette jamais rien en dehors d'une poubelle que notre consommation n'a pas de conséquences et que l'on ne participe pas (entre autre !) à ce désastre qu'est le 7e continent et à l'agonie des habitants des océans : en réalité, en tant que consommateur, on a un rôle à jouer. Un rôle même très conséquent.
En effet, les emballages, ce sont des contenants qui sont pensés pour attirer l’œil et le porte-monnaie des consommateurs que nous sommes, pour déclencher en quelques secondes ce que les professionnels du secteur appellent "la pulsion d'achat". Les packaging font l'objet d'autant d'études de marché que ce qu'ils contiennent, et plus même, car il est prouvé que le packaging est plus important que le produit en lui-même.
Bien sûr, du côté de l'être humain et de l'être vivant, cela devrait être le produit, sa qualité, son innocuité, qui devrait primer. Force est de constater que ce n'est pas du tout le cas. La plupart des composés sont cancérogènes, ou sont des perturbateurs endocriniens, ou encore des allergènes. D'ailleurs, la plupart des composés des produits utilisés pour l’hygiène et la cosmétique sont notoirement reconnus comme nocifs et ne doivent pas être ingurgités : on s'en tartine cependant la peau à diverses occasions dans la journée, les produits passent en partie la barrière de l'épiderme, et se retrouvent.... dans notre organisme. Certes ils n'y sont pas arrivés par ingestion, mais ils y sont quand même, tout nuisibles qu'ils sont.
Non, au lieu de se concentrer sur une composition saine et non nocive, les industriels préfèrent nous faire croire qu'ils le font, à grand renfort de publicités et de greenwashing, et surtout, ils dépensent des sommes astronomiques en communication pour que le consommateur achète les yeux fermés, persuadé que prix=qualité, que beau packaging=produit de qualité. C'est une énorme supercherie.
Mais si les industriels continuent sur ce chemin, c'est parce que cela fonctionne. Le consommateur se montre sensible aux stratégies marketing, le consommateur souhaite de la diversité, un choix démesuré, des centaines de références dans les rayons, des odeurs de synthèse.
Le consommateur ne cherche pas la simplicité, il achète toujours plus de diversité, les industriels produisent toujours plus de références. Il le fait car, culturellement, tout le monde fait comme ça, c’est un marqueur de réussite et de niveau social, le marqueur qu’on est bien dans le pays développé que l’on habite. Il achète toujours plus de quantité également, car grâce aux mécanismes d'achat (toujours cette fameuse pulsion d'achat) générés par les promotions, de nombreux consommateurs achètent en lot. Leurs placards témoignent du fait qu'ils achètent beaucoup plus qu'ils n'écoulent, mais la corde sensible de l'économie étant jouée, le mécanisme est enclenché, "c'est intéressant, car de toute façon ça sera consommé", hop, 3 produits au lieu d'un dans le caddie, 3 fois plus d'argent dans la poche du magasin et du fabriquant, 3 fois moins d’argent réel dans celle du consommateur, mais surtout 3 fois plus de ressources utilisées pour la production et le traitement de l'emballage, et donc au final, 3 fois plus de pollution générée par un seul achat.
Socialement aussi, les emballages posent question. Nous sommes dans une société où d'un côté, nous mécanisons à outrance les métiers liés à la production de nourriture, entrainant une sur-pollution et une sur-production d'engrais et de pesticides, moins d'emplois donc, dans un secteur utile pour l'homme et où la déshumanisation pose des problèmes écologiques profonds et durables, et où d'un autre, on rémunère des gens, dans des usines, pour fabriquer des objets à usage unique, les emballages, qui n'existent que pour être jetés. Les contenants, mais aussi les blisters plastiques, les boites carton, les sacs plastiques, les sachets individuels, etc etc, qui sont pour la plupart strictement inutiles (juste parce que le consommateur, pour enclencher la pulsion d'achat, a envie que l'emballage fasse propre, "hygiénique", aseptisé. « Quoi, un savon sans aucun emballages.... mais n'importe qui a PU le toucher avant moi, BEURK ! ») et surtout, dramatiquement polluants.
Voilà ce que nous, consommateurs, finançons chaque fois que nous achetons ces objets. Non seulement nous finançons, mais en plus, nous alimentons la demande en emballages, donc, le marché. Or, avoir conscience de sa responsabilité et de son rôle, c'est acquérir le pouvoir de modifier les choses progressivement.
Ici, nous avons choisi il y a 18 mois de nous engager vers une réduction de nos déchets, et nous nous sommes rendu compte qu'il est vraiment très facile de diviser notre quantité de déchets par 5, minimum. En modifiant nos habitudes, mais sans non plus être à fond à 100% tous les jours. Si, si, rien que ça. Vous vous souvenez, le coup des 1 kg par personne et par jour? Eh bien ici, on produit un kilo d'ordures ménagères pour 4 tous les 5 jours, soit 50 grammes par jour et par personne.
Vous êtes perplexe? Faites donc l'expérience !
Et si on prend bio, c'est moins pire?
Moins pire sans doute, pour la santé en tout cas, mais pour la planète c'est vraiment discutable : les emballages sont toujours là et posent toujours le même problème écologique de fabrication et de fin de vie, que le produit qu'il contient soit bio, ou pas.
Le bio est également un business, du côté du bio également on assiste à l'émergence de produits parfaitement inutiles (les nettoyants pour chaque pièce, les produits spécial bébé), qui sont produits CAR le consommateur le souhaite et marque son accord en achetant ces produits ! Dans ma biocoop, où il y a pourtant 360 références de vrac, les mêmes produits emballés demeurent dans les rayons : il en faut "pour tout le monde". Le consommateur est donc bien à la racine du problème, même si on s'échine à lui faire croire l'inverse, qu'il n'y peut rien, et que son comportement individuel de consommation n'a aucune incidence sur la tendance globale. Bien sûr, "on" évite soigneusement de le responsabiliser également sur les conséquences de cesdits comportements, un consommateur insouciant est un consommateur qui achète sans réfléchir, donc plus et inutilement. Un consommateur insouciant, c'est la poule aux oeufs d'or de l'industrie, qu'elle soit bio ou non.
Alors on fait quoi, concrètement ?
C'est bien joli, mais après avoir compris que c'est cacabeurk tous ces emballages et contenants, qu'est-ce qu'on fait, concrètement? Tous ces produits sont nécessaires, il faut bien se laver, il faut bien nettoyer sa maison, il faut bien se démaquiller, se brosser les dents.... on se sent donc obligés de passer par cette case achat !
Une première piste est de remettre en question les préceptes culturels qui nous font utiliser à cette fréquence tous ces produits et en réduire l'utilisation. Si vous en utilisez 3 fois moins ET/OU trois fois moins souvent, vous réduisez d'autant votre quantité de ce déchet : C.Q.F.D.
Une seconde piste est d’arrêter, progressivement, d'acheter ces produits.
Si se laver, entretenir sa maison est effectivement indispensable, si se maquiller est devenu culturellement indispensable pour une femme (et croyez-le, il n'y a aucune critique dans mes propos !), on n'est nullement obligés en revanche d'acheter des produits industriels et suremballés pour réaliser tout cela. La bonne nouvelle, c'est que les alternatives existent. Et pour les pratiquer presque toutes, la seconde bonne nouvelle, c'est qu'elles n'induisent pas un recul dans la notion de confort. Certaines par contre, demandent un moment pour être apprivoisées, une déconstruction des habitudes culturelles modernes est alors nécessaire. Il m'a fallu du temps, par exemple, pour renoncer aux odeurs chimiques de tous ces produits qui sont des marqueurs de propreté (alors que la propreté, en elle-même, ne sent rien !).
Souvent quand je trouve qu'un objet moderne et polluant m'est absolument nécessaire, je me pose la question suivante : "comment faisait-on, avant que cet objet n'existe? " et la seconde "est-ce que cette solution est pour moi acceptable?" Parfois, la réponse est "oui", d'emblée. Parfois, la réponse est non, pour X raisons, mais jusqu'à présent, je ne me suis jamais interdit de faire évoluer mon avis à moyen terme. Certaines alternatives mises de côté au début ont fini par trouver leur place chez moi, d'autres sont encore en cours d'apprivoisement.
Mais je peux vous garantir que plus je mets en place ces alternatives, plus je fais des économies. Ces alternatives, je vous les présenterai au fil des articles suivants. Elles concerneront la salle de bain, la buanderie, la cuisine, et le boulot ! Le défi, si vous l'acceptez, sera à chaque fois d'en mettre trois en pratique.